La rareté de cette simultanéité de positions zodiacales se trouve renforcée encore par la succession des épisodes de conjonction et/ou d'opposition de chacune des cinq planètes considérées avec le Soleil, en l'an 50 avant notre ère. Des épisodes qui, tous ou presque, coïncidèrent avec une pause planétaire au sein des constellations zodiacales mentionnées, qui plus est. Autant de "coïncidences" astronomiques plaidant nettement en faveur de la conception du zodiaque en l'an 50 avant notre ère. Et ce, même si la conjonction Vénus-Soleil du 2 février 51 avant notre ère, fut, pour de vraisemblables raisons d'espace, "préférée" à celle du 4 septembre de l'an 50 avant notre ère.
Cette conjonction Vénus-Soleil survenue dans le Verseau ne semble d'ailleurs pas être le seul événement astronomique de l'an 51 avant notre ère, auquel le zodiaque fasse référence. En témoignent la présence de cet oeil oudjat entre les Poissons et le Bélier, d'une part, la figuration de cette déesse tirant un babouin par la queue sous les Poissons, d'autre part, que Sylvie Cauville, dans son ouvrage intitulé Le zodiaque d'Osiris, assimila à des éclipses de Lune et de Soleil, respectivement. A ses yeux en effet, les prêtres-astronomes égyptiens auraient représenté la Pleine Lune que l'oeil sacré symbolise, pour marquer l'invisibilité temporaire du disque d'argent ; et une déesse tirant par la queue un babouin, image de la Lune sous forme de dieu Thoth, pour montrer qu'elle allait dégager le Soleil un instant éclipsé par la Lune.
Liste des éclipses de Soleil et de Lune en partie ou en totalité visiblesdans le ciel de Dendérah, entre l'an 54 et l'an 50 avant notre ère.
Inclinaison du plan de l'orbite de la Lune sur le plan de l'écliptique.
Fait rarissime : en l'an 50 avant notre ère, se succédèrent rien moins que trois éclipses partielles de Lune et une éclipse partielle de Soleil. La première éclipse partielle de Lune, en partie visible dans le ciel de Dendérah, se produisit le 10 février, dans la constellation du Lion ; la seconde, le 12 mars, dans la constellation de la Vierge ; la troisième, en totalité visible dans le ciel de Dendérah, le 5 août, dans la constellation du Verseau. Pourtant, l'une des éclipses de Lune s'étant antérieurement produite dans la constellation des Poissons fut "préférée" par les prêtres-astronomes égyptiens ... peut-être parce qu'à la différence de celles-ci, elle fut totale ? Leur choix se serait alors porté, comme le suggère Eric Aubourg dans son article intitulé La date de conception du zodiaque du temple d'Hathor à Dendérah, sur l'éclipse du 25 septembre 52 avant notre ère.
Ce raisonnement, aussi logique soit-il, ne peut malheureusement s'appliquer à l'éclipse de Soleil du 21 août 50 avant notre ère. Beaucoup plus belle que celle du 7 mars 51 - le disque solaire fut à 91,7 % masqué par la Lune le 21 août 50 contre 25,5 % seulement le 7 mars 51 -, elle survint, de plus, peu avant les 25 août et 4 septembre 50 avant notre ère, soit peu avant que Mercure et Vénus n'entrent en conjonction avec le Soleil et n'effectuent leur "pause" planétaire dans la constellation de la Vierge.
Pourquoi les prêtres-astronomes égyptiens n'ont-ils pas représenté cette magnifique éclipse de Soleil entre les constellations du Lion et de la Vierge ? Par manque de place, comme ce fut le cas pour la conjonction Vénus - Soleil du 4 septembre 50 avant notre ère ? L'hypothèse paraît vraisemblable. Elle impliquerait que le zodiaque ne fut pas conçu à la toute fin de l'an 50 avant notre ère - année des plus riches en événements astronomiques avec cette rarissime succession de conjonctions, d'oppositions, de pauses planétaires et d'éclipses -, mais tout au long de ces quatre années écoulées depuis la date de fondation du temple d'Hathor, le 16 juillet 54 avant notre ère - date de lever héliaque de l'étoile Sirius à Dendérah.