Orientation astronomique de la partie ptolémaïque du temple d'Isis
Etudions à présent l'orientation astronomique du sanctuaire entrepris, à l'époque ptolémaïque, par Nectanébo Ier (381-364 avant notre ère), et achevé par Ptolémée X Alexandre Ier (107-88 avant notre ère). Les mesures effectuées in situ indiquent que l'angle formé entre l'ancien mur de Nectanébo Ier et la paroi orientale de l'actuel temple d'Isis est voisin de 2°30' (schéma du temple d'Isis). L'insertion de l'azimut d'orientation de ce sanctuaire (291,19°) au sein du formulaire de détermination de la source astronomique d'orientation d'un édifice permet d'isoler plusieurs étoiles candidates : alpha Canis Majoris (Sirius), pi Scorpii, sigma Scorpii et alpha Scorpii (Antarès).
L'examen des magnitudes visuelles de ces quatre étoiles nous permet de privilégier l'hypothèse selon laquelle l'orientation de la partie ptolémaïque du temple d'Isis résulterait de l'observation de la position de lever héliaque de l'étoile Sirius (291,07°) dans le ciel de Dendérah. Un lever héliaque qui, sous le règne de Nectanébo I, se produisait aux alentours du 15 juillet.
La partie ptolémaïque du temple d'Isis conserve-t-elle une orientation ramesside ?
Dans son article intitulé "Le Temple d'Isis à Dendérah", Sylvie Cauville souligne l'existence de blocs de facture ramesside dans les murs et les soubassements de la partie ptolémaïque du temple d'Isis. Cette partie ptolémaïque aurait donc, selon toute vraisemblance, été édifiée sur une base ramesside. En aurait-elle pour autant conservé l'orientation astronomique ? Pour le savoir, insérons l'azimut d'orientation du sanctuaire de Nectanébo Ier (291,19°) dans un nouveau formulaire de recherche, daté de l'an 1250 avant notre ère. Rien moins que sept étoiles sont candidates à l'orientation de cet édifice. Parmi les plus brillantes figurent alpha Canis Majoris (Sirius) et beta Orionis (Rigel). En l'an 1250 avant notre ère, leurs azimuts de lever coïncidaient exactement avec l'azimut d'orientation du temple d'époque ptolémaïque.
Parce qu'elle est quatre à cinq fois plus brillante que Rigel, l'étoile Sirius doit être privilégiée. Elle constitue le lien entre les trois époques considérées - entre les époques ramesside, ptolémaïque et romaine, distantes de quelques douze siècles. Ainsi l'observation de sa position d'apparition dans le ciel nocturne puis crépusculaire puis nocturne à nouveau aurait-elle conduit à l'orientation des temples successifs.
Le réemploi des fondations datant de l'époque ramesside aurait été permis par la survenue du lever héliaque de Sirius sous le règne de Noctanébo I (291,07°), en lieu et place de son lever sous le règne de Ramsès II (291,17°). En procédant à la réorientation du temple d'Isis, les architectes augustéens permirent à son axe principal de pointer de nouveau en direction de l'azimut de lever de l'étoile Sirius (289,36°), que les anciens Egyptiens nommaient Sopedet et qu'ils associaient à la déesse Isis. Une étoile dont le lever héliaque, soit la réapparition dans les lueurs de l'aube après qu'elle ait disparu du ciel nocturne quelques soixante-dix jours durant, était assimilée à sa sortie d'entre les cuisses de Nout, la déesse du Ciel. Un tableau ornant l'une des parois du temple d'Isis évoque d'ailleurs la naissance de la déesse, sous l'aspect d'une femme "à la chevelure noire et à la peau rose". Les textes qui l'accompagnent, la parturition de Nout à l'aube.
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