La grande excavation de Zaouyet el-Aryân
... et "conduits d'aération"
A ces deux instants précis de l'année, l'astre du jour suivait une trajectoire semblable, en tous points, à celle quotidiennement parcourue alors par les trois étoiles de la Ceinture d'Orion, à savoir Alnitak, Alnilam et Mintaka. Tant leurs positions de lever et de coucher sur le cercle de l'horizon que leurs hauteurs de culmination respectives dans le méridien du lieu apparaissaient identiques en effet. Seuls différaient les instants de la journée auxquels ces trois étoiles et le Soleil occupaient chacun de ces points.
Au tout début de la saison Péret apparaissait, peu après le coucher du Soleil, la constellation d'Orion à l'horizon oriental, cette constellation que les prêtres-astronomes avaient baptisée s#H et représentée sous la forme d'un "homme debout regardant par dessus son épaule et tenant le sceptre w#s () d'une main, tandis que l'autre étreint le signe de vie onX ( . Peu avant le lever du Soleil disparaissait en revanche, le jour suivant, les trois étoiles de la Ceinture d'Orion, sous le cercle de l'horizon occidental.
Tant le lever, la culmination que le coucher de ces trois étoiles étaient donc parfaitement observables, en ce jour auquel débutaient les semailles ; et plus particulièrement leur culmination nocturne, à quelques 45 degrés au dessus de l'horizon méridional. A douze heures d'intervalle culminaient donc, à même hauteur par rapport au cercle de l'horizon, le Soleil et les trois étoiles de la Ceinture d'Orion. Depuis la Chambre du Roi, via le conduit d' "aération" Sud, la succession de ces deux culminations était théoriquement visible et coïncidait presque exactement avec les instants de culminations supérieure et inférieure de Thuban, à l'horizon nord. En plein midi se joignait ainsi à la lumière solaire, l'éclat symbolique de Thuban que le conduit nord laissait pénétrer.
Deux pyramides "inachevées"
Deux excavations géantes, situées l'une à Abou Roach, la seconde à Zaouyet-el-Aryân, à quelques kilomètres de part et d'autre du plateau de Gizeh, indiquent l'existence antérieure de deux pyramides, en de nombreux points similaires. Ces édifices furent attribués à deux pharaons de la IVème dynastie, respectivement Djedefrê, fils et successeur direct de Khéops, et Bikka, dont le règne, également de courte durée, se situe entre ceux de Khéphren et Mykérinos.
De l'ensemble funéraire de Djedefrê, sur le plateau d'Abou Roach, ne subsistent, à l'heure actuelle, que quelques rares éléments constitutifs, dont l'étrange disposition paraît résulter de contraintes géodésiques : ainsi la chaussée montante couvrant une distance supérieure à 1500 mètres se voyait-elle exceptionnellement reliée à l'enceinte du complexe par une entrée située au Nord, à proximité de laquelle se trouvait le temple mortuaire, en grande partie construit de briques crues. Sur la face orientale de la pyramide fut creusée, près du sanctuaire aux offrandes, une imposante fosse à barque à l'intérieur de laquelle gisaient, brisés en de multiples fragments, les vestiges de nombreuses statuettes : trois d'entre elles, magnifiquement exécutées en quartzite rouge, représentaient la tête du souverain.
Le temps n'épargna pas davantage la pyramide centrale, dont la structure initiale se résume aujourd'hui, à l'image de celle édifiée par Bikka sur le plateau de Zaouyet-el-Aryân, à un simple noyau rocheux, surmonté de quelques assises en calcaire autrefois revêtues de blocs de granit. Une descenderie conduisant à une profonde excavation centrale où subsistent encore les vestiges d'un appareil de calcaire fin, avait été aménagée au sein d'une large tranchée inclinée issue de la face Nord. Cette pente avait été interrompue, à Zaouyet-el-Aryân, par le creusement, dans la roche, de deux systèmes de marches parallèles, aboutissant à une petite fosse comblée de blocs de calcaire. Le centre de la substructure était occupé par une chambre au sol pavé de granit, dans lequel une cuve de contour elliptique surmontée d'un couvercle de granit était incrusté : comme à Saqqarah, elle faisait donc office de sarcophage.
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