Restitution du temple basde Pepi II (dynastie VI)
Le champ des pyramides peuplant la nécropolede Saqqarah à la fin de l'Ancien Empire
Sur ce bas-relief de la chaussée d'Ounas figure le transport par chalands des colonnes de granitdu temple funéraire, arrimées sur des traîneaux depuis la région d'Eléphantine.
La pyramide de la sentinelle
De source écrite s'opéra, sous le règne du pharaon Menkaouhor, successeur immédiat de Néouserrê, un brusque changement, qui consista en l'abandon définitif du plateau ensoleillé d'Abousir au profit de la "Terre des Ancêtres", la nécropole de Saqqarah. Bien que les vestiges du temple solaire et de la pyramide de Menkaouhor n'aient pas, pour l'instant, fait l'objet d'une localisation précise, la découverte, en ce lieu sacré, des complexes architecturaux de Djedkarê-Isesi et Ounas, les deux derniers rois de la Vème dynastie, vient effectivement confirmer ce "retour aux sources".
Parce qu'elle domine ou contemple le village de Saqqarah, la pyramide de Djedkarê-Isési reçut une dénomination arabe particulière, "Haram es-Shawâf", qui souligne la surveillance ininterrompue qu'elle exerçât, des millénaires durant, sur ce site d'éternité. Pénétrer, depuis sa face Nord où apparaissent encore les fondations d'une petite chapelle d'offrandes, à l'intérieur de cette superstructure à présent ruinée, permet, comme à l'accoutumée, d'accéder directement à une chambre sépulcrale souterraine, fort endommagée elle aussi. Etaient enfouis dans le sol calcaire de cette salle, un sarcophage de basalte dont seuls quelques fragments subsistent à l'heure actuelle, ainsi que les vases canopes ayant probablement recueilli les entrailles du pharaon défunt.
L'enterrement du corps momifié à l'intérieur de la chambre sépulcrale succédait ainsi aux différents rituels, tels l'ouverture de la bouche ou encore la présentation des offrandes, célébrés à l'intérieur du temple mortuaire. Sur le sol de cet édifice cultuel, naturellement accolé à la face orientale de la pyramide centrale, gisaient, brisés en de multiples fragments, des centaines de sculptures, ainsi que quelques éléments architecturaux essentiels, parmi lesquels de magnifiques colonnes palmiformes de granit rouge qui, autrefois, ornaient la cour à piliers. A l'entrée du temple, enfin, étaient gravées nombre d'inscriptions relatives aux membres du personnel chargé de l'entretien du site, de l'apport quotidien en offrandes, ... - fait suffisamment rare pour être souligné.
L'enterrement du corps momifié à l'intérieur de la chambre sépulcrale succédait ainsi aux différents rituels, tels l'ouverture de la bouche ou encore la présentation des offrandes, célébrés à l'intérieur du temple mortuaire. Sur le sol de cet édifice cultuel, naturellement accolé à la face orientale de la pyramide centrale, gisaient, brisés en de multiples fragments, des centaines de sculptures, ainsi que quelques éléments architecturaux essentiels, parmi lesquels de magnifiques colonnes palmiformes de granit rouge qui, autrefois, ornaient la cour à piliers. A l'entrée du temple, enfin, étaient gravées nombre d'inscriptions relatives aux membres du personnel chargé de l'entretien du site, de l'apport quotidien en offrandes, ... - fait suffisamment rare pour être souligné.
Le premier livre de pierres
Magistralement dressées face à un véritable enchevêtrement de pierres calcaires et granitiques, deux colonnes palmiformes signalent toujours l'entrée méridionale d'un temple qui, jadis, en comportait trois. Un système très élaboré de rampes et de quais de débarquement permettait alors de pénétrer à l'intérieur de ce monument, régulièrement baigné, lors de chaque inondation, par les eaux sacrées du fleuve Nil. Cet édifice aujourd'hui ruiné constituait le temple d'accueil d'un ensemble architectural que le roi Ounas, dernier pharaon de la Vème dynastie avait fait ériger dans l'angle sud-ouest de la pyramide à degrés de Djoser.
Temples haut et bas étaient naturellement reliés par une chaussée montante couverte, que deux très nets changements d'axe faisaient apparaître courbée, sur près de mille mètres. Ses parois, surmontées d'une magnifique voûte étoilée qu'un étroit faisceau de lumière venait chaque jour ensoleiller, étaient ornées de magnifiques bas-reliefs immortalisant à tout jamais quelques-uns des multiples gestes de la vie quotidienne : l'apport d'offrandes, la chasse d'animaux sauvages, le minutieux travail des artistes et artisans, le transport par chalands, depuis la région d'Eléphantine, de long monolithes de granit destinés à la construction de la pyramide royale,...
Deux gigantesques fosses à barques revêtues de pierres appareillées furent symboliquement creusées dans le roc, parallèlement à la chaussée, à 150 mètres environ du temple mortuaire. Cet édifice cultuel malheureusement fort détruit présentait un plan relativement semblable à celui de Sahourê, bien qu'il comportât quelques notables modifications. L'emplacement des magasins de part et d'autre de la cour à piliers palmiformes pavée, non plus de basalte, mais d'albâtre ou de calcaire, tout comme la nouvelle disposition de divers autres éléments constituant la partie intime du temple, semblaient ainsi annoncer le plan d'ensemble qui serait ultérieurement adopté, sous les règnes de ses successeurs directs de la VIème dynastie.
Ce souci d'innovation architecturale n'épargna pas davantage la structure interne de la pyramide centrale - un édifice dont la hauteur d'origine paraît inférieure à celle de toute autre pyramide érigée sous l'Ancien Empire -, à laquelle une descenderie issue de la base de la face Nord conduisait tout naturellement. Un système de trois herses en granit bloquaient autrefois l'accès, depuis une antichambre, à un petit vestibule à base carrée débouchant sur deux salles diamétralement opposées : l'une comportait trois niches à statues, tandis que la seconde, contre la paroi occidentale de laquelle un sarcophage d'albâtre noir dépourvu de toute inscription était entreposé, faisait office de chambre funéraire.
De blocs d'albâtre étaient également revêtues les parois situées à proximité immédiate de ce sarcophage rectangulaire : pierre magnifiquement ornée de bas-reliefs représentant la façade d'un palais, le palais de l'invisible, à laquelle une fausse-porte, la porte de l'au-delà, donnait symboliquement accès. Un contraste fort opposait donc de tels motifs peints de couleur foncée à la blancheur éclatante dégagée par la pierre calcaire employée partout ailleurs au revêtement mural de chaque appartement funéraire. Un tel symbolisme architectural, que l'emploi de couleurs chatoyantes ne faisait que renforcer, sera communément adopté à l'intérieur des pyramides de quelques-uns des successeurs d'Ounas, parmi lesquels Teti, Pepi I, Merenrê, et Pepi II, tous pharaons de la VIème dynastie.
De blocs d'albâtre étaient également revêtues les parois situées à proximité immédiate de ce sarcophage rectangulaire : pierre magnifiquement ornée de bas-reliefs représentant la façade d'un palais, le palais de l'invisible, à laquelle une fausse-porte, la porte de l'au-delà, donnait symboliquement accès. Un contraste fort opposait donc de tels motifs peints de couleur foncée à la blancheur éclatante dégagée par la pierre calcaire employée partout ailleurs au revêtement mural de chaque appartement funéraire. Un tel symbolisme architectural, que l'emploi de couleurs chatoyantes ne faisait que renforcer, sera communément adopté à l'intérieur des pyramides de quelques-uns des successeurs d'Ounas, parmi lesquels Teti, Pepi I, Merenrê, et Pepi II, tous pharaons de la VIème dynastie.
Sur les murs du petit vestibule d'entrée, ainsi que sur les parois calcaire de la chambre sépulcrale d'Ounas furent gravées, puis peintes de couleur vert bleutée, des colonnes verticales d'inscriptions hiéroglyphiques : les Textes des Pyramides, bien qu'ils fussent vraisemblablement d'origine très lointaine, faisaient donc ici leur première apparition. Ces textes traitaient indifféremment des divers rituels célébrés à l'intérieur du temple mortuaire, du trajet parcouru par le pharaon défunt en direction du monde de l'au-delà - l'univers céleste que la voûte ornée d'étoiles à cinq branches incarnait parfaitement -, ou bien encore de la course qu'il devait ensuite quotidiennement effectuer aux côtés de l'astre du jour,... Tout un ensemble d'hymnes et incantations diverses donc, de source vraisemblablement héliopolitaine, dont les parois intérieures des pyramides ultérieurement édifiées seront semblablement ornées. Au sentiment de splendeur architecturale jadis procuré par les ensembles pyramidaux de Djoser, Snéfrou, Khéops ou Khéphren, succéda donc, vers la fin de l'Ancien Empire, la sensation de magnificence artistique dégagée par les multiples inscriptions hiéroglyphiques soigneusement gravées sur les parois calcaires de quelques appartements funéraires. Autrefois destinés à assurer la vie éternelle à l'âme du pharaon défunt, ces textes ont aujourd'hui pour vocation essentielle de nous renseigner sur les croyances "religieuses" des anciens Egyptiens, sur leur propre perception du monde de l'au-delà, sur leur vision de la création du monde, ... Aussi constituent-ils un véritable recueil de pierre, dont les multiples fragments se trouveraient éparpillés sur les parois intérieures de plusieurs pyramides tardives, telles celles des pharaons Ounas (Vème dynastie), Téti, Pépi I, Merenrê, et Pepi II (VIème dynastie), ou bien encore Aba (VIIIème dynastie).
La totalité de ces ensembles funéraires aujourd'hui presque totalement détruits fut érigé dans la nécropole de Saqqarah, à relative proximité de la pyramide à degrés du pharaon Djoser. Si les dimensions externes de la pyramide centrale - dont la hauteur n'excéda guère les 56 mètres - s'uniformisèrent, l'agencement des divers édifices cultuels se fit conformément au plan précédemment établi par le Maître d'Oeuvre du pharaon Ounas : la construction, sur la face nord de l'édifice central, d'une petite chapelle d'offrandes dont les murs étaient jadis ornés de bas-reliefs, semble en constituer la seule véritable innovation architecturale. Une fausse-porte se dressait face à l'entrée de la pyramide, que la chute d'énormes blocs de pierre due aux multiples destructions humaines, bloquait. Un tel état de désolation caractérisait également la chambre sépulcrale souterraine, dans laquelle fut généralement retrouvés tout ou partie d'un sarcophage de pierre (grès, granit, basalte, ...) ainsi que la fosse rectangulaire ayant servi à abriter les vases canopes. Le contenu extrêmement compact et rigide de l'un de ces vases d'albâtre découvert dans le dallage de la salle funéraire de Pepi I, constitue, à l'heure actuelle, le seul et unique exemplaire qui nous soit parvenu d'une époque si reculée.
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