Quelques éléments mythologiques
Au plafond du cénotaphe de Séthi I à Abydos et de la tombe de Ramsès IV à Thèbes Ouest, l'entrée de la Douat - également baptisée Maison de Geb - est matérialisée par la bouche de la déesse Nout - cet orifice situé à l'ouest du ciel. D'où la figuration, à proximité du visage de Nout, de ce disque solaire ailé matérialisant le Soleil couchant. Dans les profondeurs de la Douat, l'astre du jour disparaît chaque soir ; de ce milieu "purificateur" et "recréateur" à la fois, il émerge chaque matin, tel un nouveau Soleil, prêt à inonder le Ciel et la Terre de la pleine puissance de ses rayons.
Dans ses pérégrinations diurne et nocturne, il est accompagné des sept étoiles décanales invisibles depuis la Terre d'Egypte parce que situées alors à trop grande proximité de l'astre du jour - il s'agit ici de knmt, xry Xpd knmt, H#t D#t, pHwy D#t, Tm#t Hrt xrt, wS#ti bk#ti et ipDs. A l'image du Soleil, ces étoiles sont chaque soir avalées par la déesse Nout et circulent le long de son corps, toute la nuit durant (V,24-26). Le corps de la déesse est parsemé des noms de ces étoiles invisibles depuis la Terre d'Egypte, à un instant donné. Il est en quelque sorte cette trajectoire qu'elles empruntent, sur toute la durée de leur période d'invisibilité - annuelle ou quotidienne. Il est ce chemin vers la renaissance, donc.
Un passage du Texte Dramatique identifie d'ailleurs la déesse Nout à la Mère des Dieux. A leur heure, elle donne naissance aux étoiles en effet : celles-ci font leur apparition à l'est du ciel, puis culminent dans le méridien du lieu, enfin disparaissent sous l'horizon occidental. Leur parcours nocturne, situé entre Ciel et Terre, figuré entre le corps de Nout et cette vaguelette matérialisant le royaume de Geb, la Terre, s'achève, tout comme le parcours diurne du Soleil, à leur arrivée à proximité de la bouche de Nout. Geb ne pouvait admettre toutefois que sa soeur et épouse Nout "avale" ses enfants, les étoiles, comme "une truie avale ses petits". Conscient de la menace qu'il représentait pour l'ordre céleste, Chou entreprit de soulever Nout de ses propres mains et de la maintenir éloignée de son époux, Geb. De là vient la séparation du Ciel et de la Terre, souligne le début du Texte Dramatique (IV,43-V,11) (158). Ainsi la déesse du ciel put-elle continuer à mettre au monde ses enfants, les étoiles, "à leur heure", comme elle donnait quotidiennement naissance au dieu Soleil Rê, au petit matin.
A l'image de l'astre du jour, les étoiles sortaient "purifiées", dénuées de toute "impureté", de leur passage dans la Douat. Cette Maison de Geb que les décans occupent 70 jours par an fut également baptisée Maison de l'Embaumement (V,37-38, V,42) - expression empruntée au champ sémantique de l'être humain. Rien d'étonnant à cela puisque l'embaumement du corps du défunt s'étalait lui aussi sur 70 jours. Ainsi, à l'image des décans, dont le comportement était calqué sur celui de Sirius, le plus brillant d'entre eux, la mort du défunt était assimilée à son entrée dans la Douat (VI,38) ; sa résurrection, quelques 70 jours plus tard, à son émergence de ce milieu "purificateur" et "recréateur" à la fois. De celui qui sort ainsi "purifié" de la Maison de l'Embaumement, il est dit qu'il est "Vivant" (V,41). Le commencement de cette nouvelle Vie dans l'au-delà pour le défunt était l'occasion d'importantes festivités. De même, le lever héliaque d'un nouveau décan était-il célébré, chaque dix jours de l'année civile égyptienne - et plus particulièrement celui de Sirius (, prt cpdt), qui en sanctionnait le tout début (VI,6-7).
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